Un collectif d'associations et d'organisations humanitaires a demandé mercredi au gouvernement de "sanctuariser un accès à l'eau potable pour tous" à Mayotte jugeant les mesures mises en oeuvre par les institutions "insuffisantes" pour les populations les plus fragiles.
"Nous exigeons aux autorités de prendre des mesures immédiates pour remédier à cette situation alarmante : il faut anticiper les risques épidémiques qui pèsent sur la population et prendre des mesures urgentes pour garantir l'accès à l'eau à tous les habitants de Mayotte", indique le collectif dans une tribune publiée dans le journal Libération.
Mayotte, département le plus pauvre de France, subit une sécheresse qui a tari les réserves d'eau de l'île avant le retour de la saison des pluies en novembre. Face à l'urgence, le gouvernement a notamment multiplié le nombre de rampes d'eau (fontaines publiques) et distribue gratuitement des bouteilles d'eau aux populations les plus fragiles. Une distribution qui doit peu à peu s'élargir à toute la population, selon le ministre délégué aux Outre-mer, Philippe Vigier.
Cependant, "ces efforts ne suffisent pas pour répondre aux besoins criants de la population", peut-on lire dans cette tribune, signée notamment par Médecins du monde, Unicef France, Solidarités internationales, la Cimade, Oxfam France, le Secours catholique-Caritas , la Fondation Abbé Pierre et la LDH.
Les associations demandent de "doubler le nombre de rampes de distribution d'eau et de les maintenir en service vingt-quatre heures sur vingt-quatre pour couvrir les besoins essentiels de la population", et s'inquiètent des conséquences sanitaires du manque d' eau dans les centres de santé et les écoles.
Santé publique France a estimé mardi qu'il y avait "probablement" un lien entre les restrictions actuelles d'accès à l'eau potale sur l'île et l'épidémie de gastro-entérite d'"une intensité et une durée supérieure" aux années précédentes qui sévit actuellement, et mis en garde contre le risque de diffusion d'autres maladies.
Concernant la distribution de bouteilles d'eau, "de nombreuses personnes éligibles n'ont pas de certificat de domiciliation et/ou accès au système de santé qui permet d'établir les attestations demandées", ajoute la tribune.
Enfin, les associations estiment "inconcevable que des contrôles d'identité et des interpellations par les forces de l'ordre aient lieu aux abords des points d'eau et des centres de santé, ce qui dissuade de nombreuses personnes de s'approvisionner à ces endroits et d'avoir recours aux soins".
Une opération pour lutter contre la délinquance, l'habitat insalubre, et l'immigration illégale, baptisée Wuambushu, est engagée depuis avril dans ce département français de l'océan Indien.
La Rédaction (avec AFP)